DSAA design d’interaction

de 2016 à 2018

Le diplôme supérieur des arts appliqués du Pôle Design de Villefontaine est une formation (Bac+4) qui a la particularité de mélanger des profils issus du design graphique et du design de produit. La formation s'ouvre sur des pratiques très larges comme le design de services, le design des instances, l'innovation, la recherche-action ou encore le design fiction. Elle intègre aussi un an d'alternance que j'ai effectué au sein du laboratoire d'innovation publique de la Région Sud. En parallèle de cette formation j'ai eu l'occasion de travailler avec la Fing et la Ville de Marseille puis avec la Collaborative Knowledge Foundation à San Francisco. Un aperçu de ces collaborations est présentée ci-dessous.

Région Sud & carte e-PASS Jeunes

J'ai eu l'occasion d'accompagner plusieurs projets de service public territorial au sein du laboratoire d'innovation publique de la Région Sud. Avec Natacha Crimier (Cheffe de projet) et Anaïs Triolaire (Designer intégrée au Labo) nous avons organisé des temps d'immersion, préparé et animé des temps de travail collaboratifs, avec différents services de la Région.

La matière principale que produit une collectivité ce sont des idées, les agents avec lesquels nous avons travaillé sont d’abord dans un travail de réflexion sur ce qu’est le territoire (ses habitants, ses services, son bassin d’emploi, ses flux, sa culture, etc) et quels problèmes ou opportunités il rencontre. Nous concevons des supports, le plus souvent papiers, pour inviter, guider et accueillir la réflexion des agents. S’il existe des bibliothèques d’outils très utiles pour rendre accessibles les démarches d’innovation ou de design, j’ai toujours cherché à créer mes propres outils, notamment parce que l’innovation publique a ses propres mécaniques et a besoin d'outils qu'il reste à imaginer.

J'ai également suivi Isabelle Decory, chargée du développement du service e-PASS jeunes sur la région. Ensemble nous avons travaillé sur une nouvelle version de l'interface du site web et de l'application e-PASS. Actuellement, le service propose une carte, un budget et une plateforme dédiés aux activités culturelles des lycéens de la région, nous avons travaillé à la refonte de cette plateforme.

Il est essentiel de pouvoir maîtriser la mise à l’écran de notre travail et des services qui sont conçus par la collectivité car le Web devient un espace de communication et d’action incontournable t dans lequel on ne peut pas simplement appliquer les codes traditionnels. Avec Isabelle, nous nous sommes concentrés sur l’aspect ergonomique de l’interface, je me suis attaché à lui transmettre des éléments de compréhension sur l’architecture de l’information, la hiérarchisation des contenus et le confort de navigation.

Aujourd'hui, des complications liées notamment à la collaboration avec le prestataire ralentissent le déploiement de la nouvelle version du site et de l'application.

La Fing et les BMdP

En 2017 les élus de la Ville de Marseille ont missionné la Fondation Internet Nouvelle Génération (Fing) pour explorer les possibilités d’évolution d e leurs bureaux municipaux. Ce fut l’occasion pour moi de rejoindre l’équipe de la Fing pour apporter une démarche de design au projet. En menant des entretiens avec tous les usagers des lieux (habitants, agents, directeurs et élus) dans le cadre d’une immersion dans les Bureaux Municipaux de Proximité (BMdP), il a été possible de dresser une liste des frictions et des attentes. En croisant ce premier portrait avec les enjeux de la ville, du numérique, de la mutation des lieux de service et, c e qui nous intéresse ici, avec les enjeux de citoyenneté, plusieurs scénarios prospectifs sur l’évolution des bureaux municipaux de la cité phocéenne ont été produits.

Les BMdP ne sont pas aujourd’hui des espaces d’expression démocratique, on y vient principalement pour des démarches administratives. Mais ils sont un point de contact direct entre les habitants et les services de la Ville, on pourrait imaginer donner une dimension nouvelle à ces espaces en les repensant comme des lieux de participation la vie politique où les habitants viennent s’informer facilement sur des projets de la mairie, les évaluer, y contribuer voire même, être associés à la prise de décision et à produire directement les politiques pubiques.

Coko Foundation

En parallèle de mes études j'ai eu la chance de participer à un projet de réflexion commune sur l'interface d'un outil collaboratif à destination des chercheurs. La Collaborative Knowledge Foundation (Coko) est une entreprise basé à San Fransisco qui travaille sur la conception d'applications de collaboration open source. Dans son processus de production, Coko commence par inviter les clients à dessiner eux-mêmes l'interface dont ils ont besoin lors de sessions de travails animées par des designers confirmés. L'intérêt de cette démarche est d'une part d'initier les commanditaires aux enjeux de la création d'interface, et ensuite de s'appuyer au mieux sur leur expérience d'usage. En effet les solutions de design les plus pertinentes sont souvent celles de ceux qui vivent le problème et ont du s'y adapter.

Dans ma collaboration avec Coko, j'ai été notamment amené à proposer des prototypes d'interface pour un projet de plateforme de relecture par les pairs pour les chercheurs des universités de Californie. À partir des croquis qui réalisés par les universitaires lors de la session de travail liminaire, j'ai donc matérialisé sous la forme de wireframe et d'arborescences. Ces arborescences et ces wireframes ont ensuite servi de base de travail pour les developpeurs et les intégrateurs associés au projet.

(DSAA) des outils numériques pour la démocratie

Dans le cadre de ma formation en DSAA, j'ai été amené à rédiger un mémoire sur les nouvelles formes de la démocratie. Dans ce travail de recherche il s'agissait de comprendre comment les nouvelles possibilités offertes par le numérique pouvaient transformer nos pratiques politiques et quels sont les lieux qui accueillent déjà ces nouvelles pratiques. Au cours de ce travail d'analyse j'ai décidé de proposer des prototypes de solution numérique pour envisager de nouveaux usages démocratiques. L'enjeu de ces productions n'était pas tant de proposer de vrais outils mais de questionner l'avenir des pratiques démocratiques en ligne : voilà à quoi pourrait ressembler une démocratie numérique, voici un outil qui pourrait être utilisé dans cette démocratie, qu'en pensez-vous ?

Au fil de mes réflexions et de mes essais je me suis arrêté sur deux concepts. Dans le premier, Audiodébat, j'explore l'idée d'un outil qui permettrait de suivre à distance les débats qu'on trouve généralement dans les événements autour de la démocratie, ou bien ceux du Parlement. Aujourd'hui, on pourrait imaginer appliquer ça dans le cadre du grand débat national par exemple.

En ce qui concerne le deuxième prototype, Democraseed, je me suis appuyé sur une analyse personnelle du jeu mobile à succès Pokemon GO. Selon moi, ce jeu a beaucoup à nous apprendre en terme d'expérience numérique : par ses choix de design le jeu a renouvellé les moyens de construire une communauté d'utilisateurs, il entretien un rapport ténu avec l'environnement physique du joueur, l'obligeant à faire corps avec la ville (ou la nature) pour profiter de l'expérience du jeu. Et il parvient, enfin, à siscuter l'intéraction physique des joueurs entre eux.

Fort de toute cette analyse, j'ai décidé de développer une application dédié à la démocratie inspiré des mécaniques de Pokemon GO. Il s'agit donc d'une application mobile dans laquelle on peut converser, débattre politiquement, et dont les conversations sont exclusivement associées à des lieux. En limitant ainsi l'accès des débats à la géolocalisation du participant, il s'agit de relocaliser l'expérience de la démocratie et de faire émerger une conscience de quartier ou en tout cas une conscience locale de la conversation politique.

Autre projet lié à ma recherche, j'ai analysé les enjeux et les limites des Halles Civiques qui fait le pari de devenir un lieu d'innovation démocratique au coeur du quartier Belleville à Paris. Parmi les évolutions possibles pour le lieu j'ai imaginé une version de leur site web où les fonctions de collaborations auraient été exacerbées : les internautes peuvent contribuer à l'agenda du site, aux comptes rendus d'événemments en partageant leurs photos, leurs témoignages, ils peuvent annoter ou corriger les articles de blog, compélter la carte intéractive, bref, le site n'est plus seulement un espace à consulter mais un espace à s'approprier.